par Frantz Lun 21 Juil - 18:17
Au Centre Pompidou, la mutilation faite art
Le musée Beaubourg essaie-t-il de nous choquer? Dans l’exposition Traces du Sacré, une vidéo dérange: celle d’une artiste serbe, Marina Abramovic, qui s’automutile. Une œuvre inattendue dans une installation consacrée au sacré.
Caverne d’Ali Baba ou vaste désordre, Traces du sacré, l’exposition actuellement présentée à Beaubourg, s’affirme déjà comme un grand succès public. Si le « Golgotha » peint par Strindberg ou les toiles de Kandinski, Chirico ou Mondrian retiennent l’attention, c’est dans la dernière salle, consacrée à l’art contemporain, que la foule se presse. Là, l’effort intellectuel pour comprendre cette indistincte notion de sacré laisse place au choc émotif.
Accueilli par la statue d’un enfant priant au visage d’Hitler signé Maurizio Cattelan, le spectateur est ensuite saisi par les masques effrayants d’Emil Wolde, jusqu’à ce qu’une vidéo achève de le bouleverser. Sur l’écran, une femme, une croix gravée au couteau sur la poitrine, est allongée sur un bloc de glace, attendant que le sang s’écoule lentement de ses plaies. La vidéo dure moins de dix minutes, le temps pour le public d’assister à la souffrance brute. Quelques spectateurs détournent les yeux mais la plupart demeure hypnotisé par ce spectacle d’automutilation, « on a mal pour elle », murmure une dame au premier rang.
Auteure et actrice de la vidéo, Marina Abramovic, artiste serbe. Sa spécialité? La lacération, parfois déclinée sur le mode de la flagellation. Une autre vidéo, moins violente, a contribué à faire connaître cette chef de file de « l’art corporel »: on l’y voit, se frappant le sternum avec un crâne.
Un certain nombre des happenings de Marina Abramovic se sont terminés par son évanouissement, effet de la douleur mélangée à celui des médicaments de contrôle musculaire qu’elle prend pour accomplir ses performances. Son œuvre s’inscrit dans ce que les anglo-saxons qualifient de « schock art ». Même si elle compte parmi les grands de l’art contemporain, ayant reçu le Lion d’Or de la meilleure installation à la Biennale de Venise en 1997, son travail reste plus souvent confiné dans les galeries que présenté dans une exposition de cette ampleur.
Pourquoi Beaubourg a-t-il soudainement envie de secouer son public en présentant cette vidéo dans une exposition consacrée au sacré?
Selon la conservatrice national du patrimoine, Catherine Grenier, longtemps en charge de l’art contemporain du musée parisien, « cette œuvre, en s’adressant au corps avant l’intellect, joue sur le registre de l’empathie; or la question du sacré, c’est la question de la communication directe ».
Dans un récent essai, « La Revanche des émotions » (Seuil mai 2008), Catherine Grenier développe l’idée que cette démarche est partagée par un certain nombre d’artistes contemporains qui souhaitent créer une réaction émotive chez spectateur afin de le mener à un questionnement existentiel:
« Dans l’émotion, il y a une forme de connaissance immédiate, indépendante de la méditation intellectuelle que l’œuvre peut ensuite susciter. »
Finie l’idée de Marcel Duchamps et de son urinoir, la distance critique n’est plus requise chez le spectateur, au contraire, il doit subir l’œuvre:
« Le pathos supprime la médiation, il y a une empathie directe qui nous fait ressentir ce que ressent l’artiste. »
Est-ce à dire que l’art contemporain a trouvé là le moyen de s’ouvrir à un public de non initiés? Souffrir avec Marina Abramovic permettrait au spectateur de partager un rituel millénaire:
« Marina Abramovic renvoie à des mythes anciens, à des tréfonds de l’humanité dans un univers très dramatisé. Il y a une dimension pathétique, parfois une vraie provocation: le public est mis dans une position de malaise et de gêne. »
Michel Leiris définissait l’effet psychologique du sacré comme une « mixture de respect, de désir et de terreur ». Tout y est chez Marina Abramovic, si ce n’est que le spectateur n’a même pas le temps de le formuler, il reçoit cette mixture en pleine figure. Pourtant, conclue Catherine Grenier, ce spectacle de la violence n’a rien de morbide:
« Il n’y a pas de fascination pour la mort chez Marina Abramovic. Lorsque la mort est mise en scène, c’est pour exprimer la fragilité de la vie ou de la conscience humaine. Elle est dans une vitalité très forte. »
mouais mouais mouais... si je vais à Pompidou, j'éviterais la dernière salle !!!
Jeu 17 Aoû - 11:52 par rene
» rentrée
Jeu 29 Oct - 15:06 par maelis
» LE DESERT
Jeu 29 Oct - 14:19 par maelis
» THEO
Ven 20 Mar - 19:23 par rene
» PSG
Lun 9 Mar - 12:31 par rene
» TIFFANY
Lun 9 Mar - 12:29 par rene
» CHARLIE ET VINCENNES
Dim 11 Jan - 13:07 par rene
» 2015
Mer 31 Déc - 20:27 par rene
» Lily
Mar 30 Déc - 19:36 par rene