Mariage, blablabla... lisez l'article qui suit et d'autres questions se poseront autre que son mariage dont on se cogne...
Déçu, vous avez dit déçu? Comme c'est bizzare... 06/02
Et vous, que faisiez-vous le 6 mai 2007? C'était il y a exactement neuf mois. Nicolas Sarkozy était élu président de la République. Les perdants étaient tristes, les gagnants plein d'espoir. C'est la beauté de la politique. Elle peut susciter un enthousiasme collectif, donner le sentiment à chaque individu que son destin personnel peut s'accomplir dans un mouvement collectif. C'est par là que la politique transcende, qu'elle emporte, qu'elle fait du bien, simplement du bien. Bravo la politique! Et dans cet esprit là, durant la dernière campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy a été formidable, enthousiasmant, prenant, porteur. Bravo Nicolas Sarkozy.
Aujourd'hui, nous sommes aujourd'hui. Le soufflé est retombé. Il était monté haut. Il est redescendu fort. A nouveau la politique déçoit. "Je serai le candidat du pouvoir d'achat." "La feuille de paye n'est pas l'ennemi de l'emploi." "Je me battrai, tous les jours." Ces phrases sont des souvenirs de campagne. Elles ne sont pas l'accompagnement de l'action. Elles ne sont pas la musique des décisions. C'est pour cela qu'il y a de la déception. Parce que la distance est trop grande entre les aigüs de la campagne et les graves d'aujourd'hui. Voilà bien les intervalles que nous devons scruter.
J'ai lu les premiers commentaires sur le blog après le débat qui nous a, amicalement, opposé, Alain Duhamel et moi, ce matin. "Antisarkozysme", dit l'un d'eux me concernant. "Il va s'en étouffer". Foutaises. Bêtises. Niaiseries. Ce serait si simple. Pour ou contre Sarko, et le tour est joué. Ben voyons…
Aujourd'hui, c'est la déception qui domine. Au fond, s'il ne s'agissait que d'analyser des sentiments, on pourrait dire que s'il y a déception, c'est parce qu'il y a eu affection. Et celle ci, sans doute, a nourri la croyance. Or, justement, il n'y a plus croyance. Pourquoi? La réponse, on le sait, est bête, évidente, simple. Ce qui étonne toujours, m'étonne toujours, c'est que le besoin existe encore de la reprendre, la reformuler, la répéter.
Candidat, Nicolas Sarkozy assurait qu'il serait le président du pouvoir d'achat. Bravo. Bonne idée. Il arrive au pouvoir. Que faire, comme s'interrogeait Lénine, pour honorer non pas la promesse, c'est trivial, mais la parole, c'est plus noble? Évident, mon cher Watson, augmenter les fonctionnaires, ceux de la fonction publique d'Etat notamment. Ils accomplissent tous les jours des activités qui relèvent du bien public, ils personnifient les fonctions régaliennes du pouvoir, ils ne vivent pas sous l'impitoyable loi du marché, qui exprime lui même l'abomination du capitalisme. En un mot comme en cent douze mille, ils représentent le champ idéal d'application du volontarisme politique dont la campagne électorale fut une forte expression.
Le raisonnement est parfait. La réalité fut autre. Nicolas Sarkozy n'a pas, sitôt installé à l'Élysée, augmenté les fonctionnaires. Pourquoi, dis donc? Tu veux vraiment que je réponde? Laissons donc parler Eric Woerth, ministre des comptes publics. Le 29 janvier dernier, devant la commission des Finances de l'Assemblée nationale, il a levé un petit bout du voile. "Les caisses de l'Etat ne sont pas vides, a-t-il dit. Elles sont plus que vides." Intéressante notion de physique. C'est quoi, plus que vide? Le néant? L'abysse? Sacré trou noir, en tout cas, que celui des finances publiques qui contraint, empêche, pèse, interdit, frustre.
Autre chose. C'était hier, pas un hier de littérature, mais hier, vraiment, mardi, à l'Assemblée nationale. François Fillon, premier ministre, s'est levé de son banc de l'Assemblée nationale, et princier, royal, sorcier, Français, a lancé: nous augmenterons les petites retraites de 25%, conformément à la promesse de Nicolas Sarkozy au beau temps de sa candidature. "Ouais", "bravo", "vas-y", je vous mime les députés UMP ravis de la déclaration, heureux de la déclamation, en voilà du biscuit pour la campagne des municipales. Seulement, amis et camarades, réfléchissons une minute. Le pouvoir, celui là même qui vient de faire la belle déclaration, s'apprête à ouvrir au printemps, avril ou mai, une grande négociation sur les retraites car, voyez-vous, l'équilibre financier du régime des retraites est en grave déséquilibre, tout pourrait bien tomber par terre, il faudra cotiser plus pour toucher autant et peut-être moins, bref, la ceinture d'un cran il faudra serrer. Et dans ce contexte, commencer à dépenser alors que déjà la dépense est trop lourde est pour le moins étrange, sinon inconséquent. Oui, bien sûr, le minimum vieillesse est trop faible et il faut venir en aide à ceux qui n'arrivent plus à se loger, manger, vivre. Oui, oui, oui. Mais alors, ce que l'on donne d'une main, vu l'état des régimes, on le reprendra ailleurs, à d'autres, de l'autre. Et du coup, on créera de la déception, voire du mécontentement, peut-être un jour de la colère.
Les exemples pourraient être multipliés à l'infini d'une attitude politique calamiteuse en ce sens qu'elle ne part jamais de la réalité, qu'elle la camoufle à la première occasion, et qu'il faut enfin l'affronter en urgence parce qu'immanquablement elle nous revient à la figure. Synthétisons la pensée en conclusion. La situation de la France est celle ci: déficit des régimes de retraite et de la maladie, déficit budgétaire d'un État qui vit largement, très largement au dessus de ses moyens, déficit record du commerce extérieur qui dit la détérioration rapide et grave des entreprises françaises face à leurs concurrentes étrangères. Prétendre distribuer de l'argent quand tous les clignotants sont ainsi au rouge, c'est soit se mentir, soit mentir, de toutes les façons c'est raconter n'importe quoi. Toute politique qui raconte n'importe quoi, c'est à dire qui ne part pas de cette réalité dure, noire, sombre, qui n'agit pas sur ces données avec l'ambition de traiter au fond les problèmes, d'abord redonner de la compétitivité aux entreprises, ce qui à moyen terme permettra la création d'emplois stables, ce qui alors produira des cotisations pour la survie des systèmes de solidarité face à la maladie et la vieillesse, donc toute politique qui ne modifiera pas profondément la structure fiscale de ce pays, et aussi le niveau de sa fiscalité, donc le périmètre d'action de son État, toute politique qui ne se définira pas comme ça, créera de la déception, quel que soit celui qui la mène, quel que soit son enthousiasme, son énergie, sa séduction, son aura.
On pourrait continuer ainsi pendant des lunes. Ni pour, ni contre. Parfois un peu interdit que ces choses simples n'entrent pas dans des têtes évidemment bien faites, étonné de la résistance de la démagogie chez ceux qui agissent, à moins que ce ne soit un manque de courage, surpris par la crédulité de ceux qui écoutent.
C'était il y a neuf mois. Il faisait beau, c'était le printemps. Depuis, le temps s'est couvert. Mais c'est normal. Nous sommes entrés dans l'hiver.
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