Naouri fait du ménage dans les rayons de Casino
par Anna Rousseau
Le plus petit des grands distributeurs français commence à redresser la tête. Le résultat d'une reprise en main musclée, notamment dans le hard discount, par le PDG du groupe.
Challenges.fr | 05.04.2007
De puissants 4 × 4 font gronder leur moteur, foncent vers des grilles fermées, manquent de renverser un homme qui veut les arrêter, et parviennent à s'échapper. Le clan Baud vient de partir de la centrale d'achats de Franprix sur les chapeaux de roue. La scène s'est déroulée le 6 mars, à Chennevières-sur-Marne, à l'est de Paris. Dans le coffre des voitures : des caisses de dossiers, récupérés par la famille fondatrice de Franprix et de Leader Price, alors même qu'elle a été évincée la veille de la direction des deux enseignes par le conseil d'administration et que les scellés ont été apposés sur leurs bureaux.
« Nous avons remplacé les Baud pour “motif légitime” : les résultats étaient très décevants, le groupe Casino possède 95 % de Franprix et 75 % de Leader Price, il avait le devoir d'agir » , se justifie Jean-Charles Naouri, le PDG. Dans son entourage, les mots sont plus clairs : on parle de « mauvaise gestion » et de « manque de transparence » .
L'histoire se terminera devant la justice : les Baud, outrés par leur éviction, ont porté plainte auprès du tribunal de commerce. Casino, de son côté, accuse la famille de menaces, mise en danger de la vie d'autrui, vols et violation de domicile.
Résultats surprenants
Décidément, quand Jean-Charles Naouri, d'ordinaire policé et mesuré, décide de reprendre son groupe en main, il ne recule devant rien… Arrivé en mars 2005 aux manettes de Casino, l'actionnaire principal avait fait le pari de restaurer les comptes. Ventes en baisse, pertes de part de marché, dette explosive, le plus petit des grands distributeurs français était dans une mauvaise passe, qui pouvait lui être fatale.
Mais, depuis un an, les voyants repassent petit à petit au vert. Le cours de l'action a repris des couleurs : de 50 euros en mars 2006, il est passé à 76 euros aujourd'hui. Les résultats 2006, présentés le 15 mars, ont même dépassé les prévisions des analystes. Résultat : l'action s'est envolée de 10 % en quelques heures. Ce jour-là, Jean-Charles Naouri, arrivé en souriant à la tribune, a annoncé une multitude de chiffres en hausse, dont le chiffre d'affaires et le résultat opérationnel. Un chiffre, en particulier, a été salué par les marchés financiers : la dette, passée de 5,4 à 4,4 milliards d'euros en un an. L'international est en pleine forme, les actifs les moins rentables ayant été vendus ces derniers mois en Pologne et à Taïwan. Même la France, marché en berne, s'en sort plutôt bien avec une marge qui… recule moins que prévu !
Assortiments revus
De fait, les grandes lignes stratégiques du groupe se précisent. L'assortiment a été revu, au bénéfice de la marque propre Casino, bonne pourvoyeuse de marge. Elle réalise désormais 40 % des ventes (en volume) dans les
hypers et les supers. Dans les supérettes et les magasins de proximité, les produits maison sont même au-delà de 50 %.
Le non-alimentaire, marché difficile qui fait buter toute la grande distribution, a fait l'objet d'une reprise en main. « Nous nous sommes concentrés sur ce que vient chercher le consommateur : un bouquin, un tee-shirt. Pas un lave-linge ! » explique un dirigeant du groupe. Conséquence directe, l'assortiment d'électroménager a été fortement réduit.
En revanche, quelques secteurs porteurs ont été développés : le textile, le numérique, la maison. Les vendeurs qui travaillaient auparavant au rayon blanc ont été transférés au high-tech, où le besoin de conseil est très fort. Pour le textile, les hypermarchés Géant Casino ont embauché l'ancienne directrice des collections Etam. Résultat ? Les cabas de l'été dernier, lancés par Géant, ont été référencés… chez Colette, temple de la branchitude parisienne. Pour la déco et la maison, les équipes se sont inspirées du champion en la matière, Monoprix, qui appartient au groupe Casino à parité avec les Galeries Lafayette.
Hard discount repensé
L'immobilier, lui, a bénéficié de l'expérience financière de Jean-Charles Naouri. C'est grâce à ce levier, notamment, que le PDG de Casino a dopé son cours de Bourse le jour de la présentation des résultats. « Casino a fait expertiser son immobilier et a ajouté une prime de 30 %, qui correspond effectivement au marché aujourd'hui. Cela représente 7 milliards d'euros : tout le monde avait sous-estimé la valeur du groupe ! Mais c'est un marché cyclique, donc cette valorisation ne durera pas toute la vie » , analyse Jean-Noël Vieille, directeur général délégué de KBL France Gestion. Après les galeries commerciales, mises en Bourse en octobre 2005 via la société foncière Mercialys, les murs des magasins, dont Casino est propriétaire, pourraient être valorisés dans l'année.
Dans la branche hard discount du groupe, un nouveau président, Jean-Michel Duhamel, a été nommé, et une feuille de route fixée dès l'éviction de Jean Baud, de ses deux fils et de son gendre.
A Franprix, l'assortiment va être revu : ces deux dernières années, aucun des grands lancements, comme le Coca Zero, n'avait été référencé dans l'enseigne, obligeant les franchisés à commander la boisson gazeuse en direct ! Publicités et promotions, stoppées depuis 2005, vont être relancées, au grand désespoir de Ed, le hard discounter de Carrefour, qui a largement occupé le terrain laissé libre.
A Leader Price, même combat. Tout va être repris par la nouvelle direction : assortiment, innovation, animation commerciale. Il était temps, les ventes du numéro deux du discount français ont baissé de 9,4 % l'année dernière.
Une autre famille est dans le collimateur du distributeur : les frères Charles, fondateurs de Cdiscount, le site de matériel high-tech et d'électroménager, dont le résultat est à « 0 + » , selon Jean-Charles Naouri. Conséquence ? « Notre partenariat continuera. Peut-être sous une forme un peu différente… Les discussions sont en cours » , prévient-il. Voilà qui ressemble fort à un gant de velours.
Indicateurs au vert
22,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2006, dont 17,5 milliards en France.
1 milliard de résultat opérationnel courant.
4,6 % de marge opérationnelle courante.
436 millionsde résultat net.
4,4 milliards de dette financière nette.
(source : groupe Casino)
Les solutions du patron
Le Marché Franprix
Reprise en main par une nouvelle direction, révision de l'assortiment et référencement des dernières innovations alimentaires.
Leader Price
Reprise en main par une nouvelle direction, reprise de la communication promotionnelle.
Géant Casino
Recentrage du non-alimentaire autour de trois marchés porteurs – le textile, la décoration et le numérique –, offensive commerciale autour des 600 produits de « fond de panier », garantis les moins chers du marché.
Discount.com
Eventuelle reprise en main de la direction, en cours de discussion avec la famille fondatrice.
Positionnement astucieux dans la guerre des prix
Si Casino n'est pas le moins cher du marché, il est peut-être le plus malin, prouvant par là qu'il est aussi un bon commerçant. Selon le classement-prix du magazine spécialisé Linéaires, ses hypermarchés Géant sont à la septième place, et ses supermarchés Casino sont avant-derniers, juste avant Monoprix. Le tandem de tête Leclerc-Carrefour étant inaccessible, le distributeur stéphanois a trouvé une parade, bien plus convaincante que l'argument marketing, invérifiable par les consommateurs, du « magasin le moins cher de la zone de chalandise », revendiqué par Carrefour. Géant clame donc que « plus bas, y'a pas ! » sur 600 références – un hypermarché en compte 10 000 environ. Il s'agit essentiellement de produits de « fond de panier », largement présents dans les chariots familiaux : les yaourts nature Danone, par exemple, ou la bouteille de Coca-Cola. Lorsque l'on vérifie avec le comparateur – très controversé – de prix Leclerc, cela se révèle faux : Leclerc arrive à être moins cher sur tous les produits courants (lait, eau…). Mais la différence dépasse rarement 1 centime !
De puissants 4 × 4 font gronder leur moteur, foncent vers des grilles fermées, manquent de renverser un homme qui veut les arrêter, et parviennent à s'échapper. Le clan Baud vient de partir de la centrale d'achats de Franprix sur les chapeaux de roue. La scène s'est déroulée le 6 mars, à Chennevières-sur-Marne, à l'est de Paris. Dans le coffre des voitures : des caisses de dossiers, récupérés par la famille fondatrice de Franprix et de Leader Price, alors même qu'elle a été évincée la veille de la direction des deux enseignes par le conseil d'administration et que les scellés ont été apposés sur leurs bureaux.
« Nous avons remplacé les Baud pour “motif légitime” : les résultats étaient très décevants, le groupe Casino possède 95 % de Franprix et 75 % de Leader Price, il avait le devoir d'agir » , se justifie Jean-Charles Naouri, le PDG.
Dans son entourage, les mots sont plus clairs : on parle de « mauvaise gestion » et de « manque de transparence » .
L'histoire se terminera devant la justice : les Baud, outrés par leur éviction, ont porté plainte auprès du tribunal de commerce. Casino, de son côté, accuse la famille de menaces, mise en danger de la vie d'autrui, vols et violation de domicile.
Résultats surprenants
Décidément, quand Jean-Charles Naouri, d'ordinaire policé et mesuré, décide de reprendre son groupe en main, il ne recule devant rien… Arrivé en mars 2005 aux manettes de Casino, l'actionnaire principal avait fait le pari de restaurer les comptes. Ventes en baisse, pertes de part de marché, dette explosive, le plus petit des grands distributeurs français était dans une mauvaise passe, qui pouvait lui être fatale.
Mais, depuis un an, les voyants repassent petit à petit au vert. Le cours de l'action a repris des couleurs : de 50 euros en mars 2006, il est passé à 76 euros aujourd'hui. Les résultats 2006, présentés le 15 mars, ont même dépassé les prévisions des analystes. Résultat : l'action s'est envolée de 10 % en quelques heures. Ce jour-là, Jean-Charles Naouri, arrivé en souriant à la tribune, a annoncé une multitude de chiffres en hausse, dont le chiffre d'affaires et le résultat opérationnel. Un chiffre, en particulier, a été salué par les marchés financiers : la dette, passée de 5,4 à 4,4 milliards d'euros en un an. L'international est en pleine forme, les actifs les moins rentables ayant été vendus ces derniers mois en Pologne et à Taïwan. Même la France, marché en berne, s'en sort plutôt bien avec une marge qui… recule moins que prévu !
Assortiments revus
De fait, les grandes lignes stratégiques du groupe se précisent. L'assortiment a été revu, au bénéfice de la marque propre Casino, bonne pourvoyeuse de marge. Elle réalise désormais 40 % des ventes (en volume) dans les hypers et les supers. Dans les supérettes et les magasins de proximité, les produits maison sont même au-delà de 50 %.
Le non-alimentaire, marché difficile qui fait buter toute la grande distribution, a fait l'objet d'une reprise en main. « Nous nous sommes concentrés sur ce que vient chercher le consommateur : un bouquin, un tee-shirt. Pas un lave-linge ! » explique un dirigeant du groupe. Conséquence directe, l'assortiment d'électroménager a été fortement réduit.
En revanche, quelques secteurs porteurs ont été développés : le textile, le numérique, la maison. Les vendeurs qui travaillaient auparavant au rayon blanc ont été transférés au high-tech, où le besoin de conseil est très fort. Pour le textile, les hypermarchés Géant Casino ont embauché l'ancienne directrice des collections Etam. Résultat ? Les cabas de l'été dernier, lancés par Géant, ont été référencés… chez Colette, temple de la branchitude parisienne. Pour la déco et la maison, les équipes se sont inspirées du champion en la matière, Monoprix, qui appartient au groupe Casino à parité avec les Galeries Lafayette.
Hard discount repensé
L'immobilier, lui, a bénéficié de l'expérience financière de Jean-Charles Naouri. C'est grâce à ce levier, notamment, que le PDG de Casino a dopé son cours de Bourse le jour de la présentation des résultats. « Casino a fait expertiser son immobilier et a ajouté une prime de 30 %, qui correspond effectivement au marché aujourd'hui. Cela représente 7 milliards d'euros : tout le monde avait sous-estimé la valeur du groupe ! Mais c'est un marché cyclique, donc cette valorisation ne durera pas toute la vie » , analyse Jean-Noël Vieille, directeur général délégué de KBL France Gestion. Après les galeries commerciales, mises en Bourse en octobre 2005 via la société foncière Mercialys, les murs des magasins, dont Casino est propriétaire, pourraient être valorisés dans l'année.
Dans la branche hard discount du groupe, un nouveau président, Jean-Michel Duhamel, a été nommé, et une feuille de route fixée dès l'éviction de Jean Baud, de ses deux fils et de son gendre.
A Franprix, l'assortiment va être revu : ces deux dernières années, aucun des grands lancements, comme le Coca Zero, n'avait été référencé dans l'enseigne, obligeant les franchisés à commander la boisson gazeuse en direct ! Publicités et promotions, stoppées depuis 2005, vont être relancées, au grand désespoir de Ed, le hard discounter de Carrefour, qui a largement occupé le terrain laissé libre.
A Leader Price, même combat. Tout va être repris par la nouvelle direction : assortiment, innovation, animation commerciale. Il était temps, les ventes du numéro deux du discount français ont baissé de 9,4 % l'année dernière.
Une autre famille est dans le collimateur du distributeur : les frères Charles, fondateurs de Cdiscount, le site de matériel high-tech et d'électroménager, dont le résultat est à « 0 + » , selon Jean-Charles Naouri. Conséquence ? « Notre partenariat continuera. Peut-être sous une forme un peu différente… Les discussions sont en cours » , prévient-il. Voilà qui ressemble fort à un gant de velours.
Indicateurs au vert
22,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2006, dont 17,5 milliards en France.
1 milliard de résultat opérationnel courant.
4,6 % de marge opérationnelle courante.
436 millionsde résultat net.
4,4 milliards de dette financière nette.
(source : groupe Casino)
Les solutions du patron
Le Marché Franprix
Reprise en main par une nouvelle direction, révision de l'assortiment et référencement des dernières innovations alimentaires.
Leader Price
Reprise en main par une nouvelle direction, reprise de la communication promotionnelle.
Géant Casino
Recentrage du non-alimentaire autour de trois marchés porteurs – le textile, la décoration et le numérique –, offensive commerciale autour des 600 produits de « fond de panier », garantis les moins chers du marché.
Discount.com
Eventuelle reprise en main de la direction, en cours de discussion avec la famille fondatrice.
Positionnement astucieux dans la guerre des prix
par Anna Rousseau
Le plus petit des grands distributeurs français commence à redresser la tête. Le résultat d'une reprise en main musclée, notamment dans le hard discount, par le PDG du groupe.
Challenges.fr | 05.04.2007
De puissants 4 × 4 font gronder leur moteur, foncent vers des grilles fermées, manquent de renverser un homme qui veut les arrêter, et parviennent à s'échapper. Le clan Baud vient de partir de la centrale d'achats de Franprix sur les chapeaux de roue. La scène s'est déroulée le 6 mars, à Chennevières-sur-Marne, à l'est de Paris. Dans le coffre des voitures : des caisses de dossiers, récupérés par la famille fondatrice de Franprix et de Leader Price, alors même qu'elle a été évincée la veille de la direction des deux enseignes par le conseil d'administration et que les scellés ont été apposés sur leurs bureaux.
« Nous avons remplacé les Baud pour “motif légitime” : les résultats étaient très décevants, le groupe Casino possède 95 % de Franprix et 75 % de Leader Price, il avait le devoir d'agir » , se justifie Jean-Charles Naouri, le PDG. Dans son entourage, les mots sont plus clairs : on parle de « mauvaise gestion » et de « manque de transparence » .
L'histoire se terminera devant la justice : les Baud, outrés par leur éviction, ont porté plainte auprès du tribunal de commerce. Casino, de son côté, accuse la famille de menaces, mise en danger de la vie d'autrui, vols et violation de domicile.
Résultats surprenants
Décidément, quand Jean-Charles Naouri, d'ordinaire policé et mesuré, décide de reprendre son groupe en main, il ne recule devant rien… Arrivé en mars 2005 aux manettes de Casino, l'actionnaire principal avait fait le pari de restaurer les comptes. Ventes en baisse, pertes de part de marché, dette explosive, le plus petit des grands distributeurs français était dans une mauvaise passe, qui pouvait lui être fatale.
Mais, depuis un an, les voyants repassent petit à petit au vert. Le cours de l'action a repris des couleurs : de 50 euros en mars 2006, il est passé à 76 euros aujourd'hui. Les résultats 2006, présentés le 15 mars, ont même dépassé les prévisions des analystes. Résultat : l'action s'est envolée de 10 % en quelques heures. Ce jour-là, Jean-Charles Naouri, arrivé en souriant à la tribune, a annoncé une multitude de chiffres en hausse, dont le chiffre d'affaires et le résultat opérationnel. Un chiffre, en particulier, a été salué par les marchés financiers : la dette, passée de 5,4 à 4,4 milliards d'euros en un an. L'international est en pleine forme, les actifs les moins rentables ayant été vendus ces derniers mois en Pologne et à Taïwan. Même la France, marché en berne, s'en sort plutôt bien avec une marge qui… recule moins que prévu !
Assortiments revus
De fait, les grandes lignes stratégiques du groupe se précisent. L'assortiment a été revu, au bénéfice de la marque propre Casino, bonne pourvoyeuse de marge. Elle réalise désormais 40 % des ventes (en volume) dans les
hypers et les supers. Dans les supérettes et les magasins de proximité, les produits maison sont même au-delà de 50 %.
Le non-alimentaire, marché difficile qui fait buter toute la grande distribution, a fait l'objet d'une reprise en main. « Nous nous sommes concentrés sur ce que vient chercher le consommateur : un bouquin, un tee-shirt. Pas un lave-linge ! » explique un dirigeant du groupe. Conséquence directe, l'assortiment d'électroménager a été fortement réduit.
En revanche, quelques secteurs porteurs ont été développés : le textile, le numérique, la maison. Les vendeurs qui travaillaient auparavant au rayon blanc ont été transférés au high-tech, où le besoin de conseil est très fort. Pour le textile, les hypermarchés Géant Casino ont embauché l'ancienne directrice des collections Etam. Résultat ? Les cabas de l'été dernier, lancés par Géant, ont été référencés… chez Colette, temple de la branchitude parisienne. Pour la déco et la maison, les équipes se sont inspirées du champion en la matière, Monoprix, qui appartient au groupe Casino à parité avec les Galeries Lafayette.
Hard discount repensé
L'immobilier, lui, a bénéficié de l'expérience financière de Jean-Charles Naouri. C'est grâce à ce levier, notamment, que le PDG de Casino a dopé son cours de Bourse le jour de la présentation des résultats. « Casino a fait expertiser son immobilier et a ajouté une prime de 30 %, qui correspond effectivement au marché aujourd'hui. Cela représente 7 milliards d'euros : tout le monde avait sous-estimé la valeur du groupe ! Mais c'est un marché cyclique, donc cette valorisation ne durera pas toute la vie » , analyse Jean-Noël Vieille, directeur général délégué de KBL France Gestion. Après les galeries commerciales, mises en Bourse en octobre 2005 via la société foncière Mercialys, les murs des magasins, dont Casino est propriétaire, pourraient être valorisés dans l'année.
Dans la branche hard discount du groupe, un nouveau président, Jean-Michel Duhamel, a été nommé, et une feuille de route fixée dès l'éviction de Jean Baud, de ses deux fils et de son gendre.
A Franprix, l'assortiment va être revu : ces deux dernières années, aucun des grands lancements, comme le Coca Zero, n'avait été référencé dans l'enseigne, obligeant les franchisés à commander la boisson gazeuse en direct ! Publicités et promotions, stoppées depuis 2005, vont être relancées, au grand désespoir de Ed, le hard discounter de Carrefour, qui a largement occupé le terrain laissé libre.
A Leader Price, même combat. Tout va être repris par la nouvelle direction : assortiment, innovation, animation commerciale. Il était temps, les ventes du numéro deux du discount français ont baissé de 9,4 % l'année dernière.
Une autre famille est dans le collimateur du distributeur : les frères Charles, fondateurs de Cdiscount, le site de matériel high-tech et d'électroménager, dont le résultat est à « 0 + » , selon Jean-Charles Naouri. Conséquence ? « Notre partenariat continuera. Peut-être sous une forme un peu différente… Les discussions sont en cours » , prévient-il. Voilà qui ressemble fort à un gant de velours.
Indicateurs au vert
22,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2006, dont 17,5 milliards en France.
1 milliard de résultat opérationnel courant.
4,6 % de marge opérationnelle courante.
436 millionsde résultat net.
4,4 milliards de dette financière nette.
(source : groupe Casino)
Les solutions du patron
Le Marché Franprix
Reprise en main par une nouvelle direction, révision de l'assortiment et référencement des dernières innovations alimentaires.
Leader Price
Reprise en main par une nouvelle direction, reprise de la communication promotionnelle.
Géant Casino
Recentrage du non-alimentaire autour de trois marchés porteurs – le textile, la décoration et le numérique –, offensive commerciale autour des 600 produits de « fond de panier », garantis les moins chers du marché.
Discount.com
Eventuelle reprise en main de la direction, en cours de discussion avec la famille fondatrice.
Positionnement astucieux dans la guerre des prix
Si Casino n'est pas le moins cher du marché, il est peut-être le plus malin, prouvant par là qu'il est aussi un bon commerçant. Selon le classement-prix du magazine spécialisé Linéaires, ses hypermarchés Géant sont à la septième place, et ses supermarchés Casino sont avant-derniers, juste avant Monoprix. Le tandem de tête Leclerc-Carrefour étant inaccessible, le distributeur stéphanois a trouvé une parade, bien plus convaincante que l'argument marketing, invérifiable par les consommateurs, du « magasin le moins cher de la zone de chalandise », revendiqué par Carrefour. Géant clame donc que « plus bas, y'a pas ! » sur 600 références – un hypermarché en compte 10 000 environ. Il s'agit essentiellement de produits de « fond de panier », largement présents dans les chariots familiaux : les yaourts nature Danone, par exemple, ou la bouteille de Coca-Cola. Lorsque l'on vérifie avec le comparateur – très controversé – de prix Leclerc, cela se révèle faux : Leclerc arrive à être moins cher sur tous les produits courants (lait, eau…). Mais la différence dépasse rarement 1 centime !
De puissants 4 × 4 font gronder leur moteur, foncent vers des grilles fermées, manquent de renverser un homme qui veut les arrêter, et parviennent à s'échapper. Le clan Baud vient de partir de la centrale d'achats de Franprix sur les chapeaux de roue. La scène s'est déroulée le 6 mars, à Chennevières-sur-Marne, à l'est de Paris. Dans le coffre des voitures : des caisses de dossiers, récupérés par la famille fondatrice de Franprix et de Leader Price, alors même qu'elle a été évincée la veille de la direction des deux enseignes par le conseil d'administration et que les scellés ont été apposés sur leurs bureaux.
« Nous avons remplacé les Baud pour “motif légitime” : les résultats étaient très décevants, le groupe Casino possède 95 % de Franprix et 75 % de Leader Price, il avait le devoir d'agir » , se justifie Jean-Charles Naouri, le PDG.
Dans son entourage, les mots sont plus clairs : on parle de « mauvaise gestion » et de « manque de transparence » .
L'histoire se terminera devant la justice : les Baud, outrés par leur éviction, ont porté plainte auprès du tribunal de commerce. Casino, de son côté, accuse la famille de menaces, mise en danger de la vie d'autrui, vols et violation de domicile.
Résultats surprenants
Décidément, quand Jean-Charles Naouri, d'ordinaire policé et mesuré, décide de reprendre son groupe en main, il ne recule devant rien… Arrivé en mars 2005 aux manettes de Casino, l'actionnaire principal avait fait le pari de restaurer les comptes. Ventes en baisse, pertes de part de marché, dette explosive, le plus petit des grands distributeurs français était dans une mauvaise passe, qui pouvait lui être fatale.
Mais, depuis un an, les voyants repassent petit à petit au vert. Le cours de l'action a repris des couleurs : de 50 euros en mars 2006, il est passé à 76 euros aujourd'hui. Les résultats 2006, présentés le 15 mars, ont même dépassé les prévisions des analystes. Résultat : l'action s'est envolée de 10 % en quelques heures. Ce jour-là, Jean-Charles Naouri, arrivé en souriant à la tribune, a annoncé une multitude de chiffres en hausse, dont le chiffre d'affaires et le résultat opérationnel. Un chiffre, en particulier, a été salué par les marchés financiers : la dette, passée de 5,4 à 4,4 milliards d'euros en un an. L'international est en pleine forme, les actifs les moins rentables ayant été vendus ces derniers mois en Pologne et à Taïwan. Même la France, marché en berne, s'en sort plutôt bien avec une marge qui… recule moins que prévu !
Assortiments revus
De fait, les grandes lignes stratégiques du groupe se précisent. L'assortiment a été revu, au bénéfice de la marque propre Casino, bonne pourvoyeuse de marge. Elle réalise désormais 40 % des ventes (en volume) dans les hypers et les supers. Dans les supérettes et les magasins de proximité, les produits maison sont même au-delà de 50 %.
Le non-alimentaire, marché difficile qui fait buter toute la grande distribution, a fait l'objet d'une reprise en main. « Nous nous sommes concentrés sur ce que vient chercher le consommateur : un bouquin, un tee-shirt. Pas un lave-linge ! » explique un dirigeant du groupe. Conséquence directe, l'assortiment d'électroménager a été fortement réduit.
En revanche, quelques secteurs porteurs ont été développés : le textile, le numérique, la maison. Les vendeurs qui travaillaient auparavant au rayon blanc ont été transférés au high-tech, où le besoin de conseil est très fort. Pour le textile, les hypermarchés Géant Casino ont embauché l'ancienne directrice des collections Etam. Résultat ? Les cabas de l'été dernier, lancés par Géant, ont été référencés… chez Colette, temple de la branchitude parisienne. Pour la déco et la maison, les équipes se sont inspirées du champion en la matière, Monoprix, qui appartient au groupe Casino à parité avec les Galeries Lafayette.
Hard discount repensé
L'immobilier, lui, a bénéficié de l'expérience financière de Jean-Charles Naouri. C'est grâce à ce levier, notamment, que le PDG de Casino a dopé son cours de Bourse le jour de la présentation des résultats. « Casino a fait expertiser son immobilier et a ajouté une prime de 30 %, qui correspond effectivement au marché aujourd'hui. Cela représente 7 milliards d'euros : tout le monde avait sous-estimé la valeur du groupe ! Mais c'est un marché cyclique, donc cette valorisation ne durera pas toute la vie » , analyse Jean-Noël Vieille, directeur général délégué de KBL France Gestion. Après les galeries commerciales, mises en Bourse en octobre 2005 via la société foncière Mercialys, les murs des magasins, dont Casino est propriétaire, pourraient être valorisés dans l'année.
Dans la branche hard discount du groupe, un nouveau président, Jean-Michel Duhamel, a été nommé, et une feuille de route fixée dès l'éviction de Jean Baud, de ses deux fils et de son gendre.
A Franprix, l'assortiment va être revu : ces deux dernières années, aucun des grands lancements, comme le Coca Zero, n'avait été référencé dans l'enseigne, obligeant les franchisés à commander la boisson gazeuse en direct ! Publicités et promotions, stoppées depuis 2005, vont être relancées, au grand désespoir de Ed, le hard discounter de Carrefour, qui a largement occupé le terrain laissé libre.
A Leader Price, même combat. Tout va être repris par la nouvelle direction : assortiment, innovation, animation commerciale. Il était temps, les ventes du numéro deux du discount français ont baissé de 9,4 % l'année dernière.
Une autre famille est dans le collimateur du distributeur : les frères Charles, fondateurs de Cdiscount, le site de matériel high-tech et d'électroménager, dont le résultat est à « 0 + » , selon Jean-Charles Naouri. Conséquence ? « Notre partenariat continuera. Peut-être sous une forme un peu différente… Les discussions sont en cours » , prévient-il. Voilà qui ressemble fort à un gant de velours.
Indicateurs au vert
22,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2006, dont 17,5 milliards en France.
1 milliard de résultat opérationnel courant.
4,6 % de marge opérationnelle courante.
436 millionsde résultat net.
4,4 milliards de dette financière nette.
(source : groupe Casino)
Les solutions du patron
Le Marché Franprix
Reprise en main par une nouvelle direction, révision de l'assortiment et référencement des dernières innovations alimentaires.
Leader Price
Reprise en main par une nouvelle direction, reprise de la communication promotionnelle.
Géant Casino
Recentrage du non-alimentaire autour de trois marchés porteurs – le textile, la décoration et le numérique –, offensive commerciale autour des 600 produits de « fond de panier », garantis les moins chers du marché.
Discount.com
Eventuelle reprise en main de la direction, en cours de discussion avec la famille fondatrice.
Positionnement astucieux dans la guerre des prix
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