[size=18]François Bayrou, entre ruralité et modernité[/size]
Difficile de lui échapper. Celui qui, il y a encore quelques mois dénonçait avec véhémence le manque d’objectivité et le silence et des médias à son égard est entre temps devenu leur chouchou. Omniprésent, il est partout, répondant à interview sur interview. La Bayroumania bat son plein, les sondages frémissent et en font le potentiel troisième homme. Pourtant si une place l’intéresse c’est celle de premier.
François Bayrou a de l’ambition et croit fermement en son destin fusse au prix de quitter ses Pyrénées pour le palais de l’Elysée. Portrait d’un provincial qui rêve de succès et de changer la France. La ruralité, ses origines paysannes béarnaises, François Bayrou ne les renie pas, il les revendique. De son pays le Béarn, de Bordères son village de trois cents habitants, le candidat de l’UDF est fier. Loin du parisianisme bon teint, c’est de ses terres natales, au pied des Pyrénées, en mettant en avant sa ruralité, qu’il a officiellement lancé “l’aventure” des présidentielles. Impossible de comprendre l’homme sans comprendre son attachement à son terroir.
“J’aime la terre. J’aime les champs et j’aime ce métier-là. Chaque semaine, je vais me promener dans les champs. Je conduis mon tracteur. J’élève avec passion les chevaux dont je m’occupe. C’est une part de mon équilibre.” La ferme, ses bruits, ses odeurs, François Bayrou les a toujours connu. Ses parents avaient une petite exploitation de 10 hectares de polyculture-élevage avec maïs et tabac. Sa jeunesse s’y déroule dans les années 1950 et 1960. Il vit une enfance comme nul ne pourrait l’imaginer aujourd’hui, apprenant à nager dans la rivière, gardant les vaches, au sens propre, avant les clôtures électriques, bâton à la main. Ces années forgent sont caractère et lui font découvrir la solidarité. A la ferme, la vie n’est pas facile. La participation de toute la famille est indispensable pour faire tourner l’exploitation. Dans ce paysage de carte postale sur fond de Pyrénées, le petit François apprend l’essentiel, en particulier l’histoire, en chargeant les sacs de maïs avec son père Calixte. Son père déjà n’est pas un paysan ordinaire. C’est un érudit qui lui transmet avec le savoir, la soif d’apprendre. Pourtant, si son père est un homme d’une grande culture, son statut social reste celui d’un paysan, une catégorie alors méprisée part le reste de la société, notamment les pouvoirs publics. Le jeune Bayrou ne l’oubliera pas. Il pressent la nécessité pour ces catégories mésestimées de disposer de porte-drapeau. Ce sera lui.
Mais, sa jeunesse ce n’est pas seulement la ferme. C’est aussi l’école : “J’ai découvert à l’école quelque chose qui a changé ma vie : l’amour de la lecture. A partir du moment où j’ai su lire — disons, six ans — j’ai toujours cherché mon évasion dans les livres. L’institutrice était une maîtresse comme à l’époque, avec ce qu’il faut de distance et de respect. C’était formidable.” L’élève bouillonne d’intelligence. Son esprit déborde de mots, “J’avais la musique en moi”. Il bégaie. Un handicap qu’il vaincra seul, quelques années plus tard à l’aide de cours de théatre, par sa volonté et son intelligence. “Pour sortir de ce genre de difficulté, ce qu’il fait c’est pas un bras de fer avec soi-même, c’est au contraire un apaisement”. Un “exploit” qui, alliée à son érudition, lui vaudra l’estime de François Mitterrand. Le Président lui prédit, dit-on, une destinée de premier plan.
A la sortie de l’adolescence, il veut un métier qui lui garantisse une liberté à laquelle il a goûté et qu’il juge précieuse. Il sera donc professeur de lettres. A 23 ans, il prépare l’agrégation à l’Université de Bordeaux. Son père s’inquiète de savoir, question de transmission de la terre si, une fois diplômé, il reviendra à la ferme. Il ne le saura pas. Un jour d’avril 1974, il chute du haut d’une remorque chargée de bottes de foin et se tue sur le coup. Pour lui, il reviendra donc. Un choix qu’il n’a jamais regretté et dont il conserve désormais une grande fierté. François Bayrou s’installe au village avec sa femme et ses deux filles. Pendant plus de dix ans, il mène une double vie. Enseignant au lycée voisin le jour, il assure le soir et pendant ses congés l’exploitation de la propriété avec sa mère, le temps qu’elle atteigne ses 65 ans.
François Bayrou est alors proche des mouvements non-violents. En 1982, à 30 ans, il devient Conseiller Général. Il est chrétien de centre droit, comme son père. Sa carrière et son ascension politiques sont lancées. Il ferraille contre l’inamovible Maire socialiste de Pau, le regretté Andrè Labarrère. Quatre ans plus tard, il est élu député des Pyrénées-Atlantique sous étiquette centriste. En 1993, c’est la consécration. Il prend le portefeuille de ministre de l’Education Nationale du gouvernement Balladur contraint à cohabiter avec le Président Mitterrand. Suit le premier gouvernement Juppé. Ses fonctions ministérielles sont étendues à l’enseignement supérieur, la recherche et la formation professionnelle. Enivré par le pouvoir, isolé du terrain il va commettre sa première erreur politique d’importance. Sous la pression des parlementaires de droite il tente de faire adopter une réforme qui vise à intégrer au budget de l’État les investissements et la construction des établissements d’enseignement confessionnel, et à intégrer à l’Éducation nationale les enseignants du privé. La tentative de passage en force est un échec. Le 24 janvier 1994, une manifestation de défense de l’école laïque rassemble un million de Français. François Bayrou retiendra la leçon, on n’impose pas les réformes. La victoire de la gauche plurielle aux élections de 1997 le renvoie sur les bancs de l’Assemblée Nationale.
Entre temps, le Béarnais a, à l’image de F. Mitterrand compris que son avenir politique passe par la conquête d’un parti. En 1994, il est élu président du CDS qu’il fait fusionner avec le Parti social-démocrate pour créer Force Démocrate en 1995. De là, il s’empare en 1998 de l’UDF qui fédère alors différents partis du centre. En 1998, la formation est rebaptisée Nouvelle UDF après le départ d’Alain Madelin et de Démocratie Libérale. En 2002, François Bayrou se présente comme candidat de l’UDF à l’élection présidentielle. Avec 6, 84% il obtient un sore en recul par rapport aux 9,28% enregistrés aux élections européennes de 1999. Pire, aux lendemains de la présidentielle, F. Bayrou se retrouve à la tête d’une formation très affaiblie par la création de l’UMP à laquelle se sont ralliés la majorité des députés UDF. Il sait alors qu’il joue sa survie politique. Mais, il ne plie pas. Avec 30 députés élus aux élections législatives de 2002, il parvient à maintenir un groupe parlementaire. Son positionnement est délicat. Ses amis d’hier ne supportent pas son indépendance. La gauche le raille et l’amalgame à la gestion de droite. Ce sera donc seul contre tous et avec panache. Le 16 mai 2006 il franchit le rubicon en votant, avec la gauche une motion de censure contre le gouvernement Villepin. Sur cette vision moderne de la politique, du ni gauche ni droite, il se présente aux présidentielles de 2007 comme le candidat de l’anti-système. Celui qui rejette le bipartisme et son mode de gestion clanique du pouvoir qui permet aux deux grandes formations politiques dominantes de confisquer tous les postes. Il veut à l’image d’Angela Merkel, la Chancelière Allemande, incarner l’unité nationale.
Un aboutissement idéologique somme toute naturel pour un homme de lettres auteur d’une des plus belles et des plus vendues biographies d’Henri IV. Ce bon roi Henri, roi de France et de Navarre qui réussit à mettre un terme à ce qui semblait là aussi impossible, la guerre entre catholiques et protestants. Un souverain dont il aime reprendre la maxime : “Le Béarnais est pauvre mais il ne baisse pas la tête“.
En octobre 2006, François Bayrou affirme sa conviction dans le livre “Au nom du tiers état” : “Gouvernants et puissants croient que le peuple français est sans importance. Ils se trompent. La démocratie, c’est la condition du développement, développement économique, développement humain. Le peuple français attend qu’on le prenne au sérieux et qu’on lui donne la place qui est la sienne en démocratie : la première. Verrouilleurs et démagogues contre démocrates, le combat commence et il va falloir le livrer. J’y suis résolu “.
Difficile de lui échapper. Celui qui, il y a encore quelques mois dénonçait avec véhémence le manque d’objectivité et le silence et des médias à son égard est entre temps devenu leur chouchou. Omniprésent, il est partout, répondant à interview sur interview. La Bayroumania bat son plein, les sondages frémissent et en font le potentiel troisième homme. Pourtant si une place l’intéresse c’est celle de premier.
François Bayrou a de l’ambition et croit fermement en son destin fusse au prix de quitter ses Pyrénées pour le palais de l’Elysée. Portrait d’un provincial qui rêve de succès et de changer la France. La ruralité, ses origines paysannes béarnaises, François Bayrou ne les renie pas, il les revendique. De son pays le Béarn, de Bordères son village de trois cents habitants, le candidat de l’UDF est fier. Loin du parisianisme bon teint, c’est de ses terres natales, au pied des Pyrénées, en mettant en avant sa ruralité, qu’il a officiellement lancé “l’aventure” des présidentielles. Impossible de comprendre l’homme sans comprendre son attachement à son terroir.
“J’aime la terre. J’aime les champs et j’aime ce métier-là. Chaque semaine, je vais me promener dans les champs. Je conduis mon tracteur. J’élève avec passion les chevaux dont je m’occupe. C’est une part de mon équilibre.” La ferme, ses bruits, ses odeurs, François Bayrou les a toujours connu. Ses parents avaient une petite exploitation de 10 hectares de polyculture-élevage avec maïs et tabac. Sa jeunesse s’y déroule dans les années 1950 et 1960. Il vit une enfance comme nul ne pourrait l’imaginer aujourd’hui, apprenant à nager dans la rivière, gardant les vaches, au sens propre, avant les clôtures électriques, bâton à la main. Ces années forgent sont caractère et lui font découvrir la solidarité. A la ferme, la vie n’est pas facile. La participation de toute la famille est indispensable pour faire tourner l’exploitation. Dans ce paysage de carte postale sur fond de Pyrénées, le petit François apprend l’essentiel, en particulier l’histoire, en chargeant les sacs de maïs avec son père Calixte. Son père déjà n’est pas un paysan ordinaire. C’est un érudit qui lui transmet avec le savoir, la soif d’apprendre. Pourtant, si son père est un homme d’une grande culture, son statut social reste celui d’un paysan, une catégorie alors méprisée part le reste de la société, notamment les pouvoirs publics. Le jeune Bayrou ne l’oubliera pas. Il pressent la nécessité pour ces catégories mésestimées de disposer de porte-drapeau. Ce sera lui.
Mais, sa jeunesse ce n’est pas seulement la ferme. C’est aussi l’école : “J’ai découvert à l’école quelque chose qui a changé ma vie : l’amour de la lecture. A partir du moment où j’ai su lire — disons, six ans — j’ai toujours cherché mon évasion dans les livres. L’institutrice était une maîtresse comme à l’époque, avec ce qu’il faut de distance et de respect. C’était formidable.” L’élève bouillonne d’intelligence. Son esprit déborde de mots, “J’avais la musique en moi”. Il bégaie. Un handicap qu’il vaincra seul, quelques années plus tard à l’aide de cours de théatre, par sa volonté et son intelligence. “Pour sortir de ce genre de difficulté, ce qu’il fait c’est pas un bras de fer avec soi-même, c’est au contraire un apaisement”. Un “exploit” qui, alliée à son érudition, lui vaudra l’estime de François Mitterrand. Le Président lui prédit, dit-on, une destinée de premier plan.
A la sortie de l’adolescence, il veut un métier qui lui garantisse une liberté à laquelle il a goûté et qu’il juge précieuse. Il sera donc professeur de lettres. A 23 ans, il prépare l’agrégation à l’Université de Bordeaux. Son père s’inquiète de savoir, question de transmission de la terre si, une fois diplômé, il reviendra à la ferme. Il ne le saura pas. Un jour d’avril 1974, il chute du haut d’une remorque chargée de bottes de foin et se tue sur le coup. Pour lui, il reviendra donc. Un choix qu’il n’a jamais regretté et dont il conserve désormais une grande fierté. François Bayrou s’installe au village avec sa femme et ses deux filles. Pendant plus de dix ans, il mène une double vie. Enseignant au lycée voisin le jour, il assure le soir et pendant ses congés l’exploitation de la propriété avec sa mère, le temps qu’elle atteigne ses 65 ans.
François Bayrou est alors proche des mouvements non-violents. En 1982, à 30 ans, il devient Conseiller Général. Il est chrétien de centre droit, comme son père. Sa carrière et son ascension politiques sont lancées. Il ferraille contre l’inamovible Maire socialiste de Pau, le regretté Andrè Labarrère. Quatre ans plus tard, il est élu député des Pyrénées-Atlantique sous étiquette centriste. En 1993, c’est la consécration. Il prend le portefeuille de ministre de l’Education Nationale du gouvernement Balladur contraint à cohabiter avec le Président Mitterrand. Suit le premier gouvernement Juppé. Ses fonctions ministérielles sont étendues à l’enseignement supérieur, la recherche et la formation professionnelle. Enivré par le pouvoir, isolé du terrain il va commettre sa première erreur politique d’importance. Sous la pression des parlementaires de droite il tente de faire adopter une réforme qui vise à intégrer au budget de l’État les investissements et la construction des établissements d’enseignement confessionnel, et à intégrer à l’Éducation nationale les enseignants du privé. La tentative de passage en force est un échec. Le 24 janvier 1994, une manifestation de défense de l’école laïque rassemble un million de Français. François Bayrou retiendra la leçon, on n’impose pas les réformes. La victoire de la gauche plurielle aux élections de 1997 le renvoie sur les bancs de l’Assemblée Nationale.
Entre temps, le Béarnais a, à l’image de F. Mitterrand compris que son avenir politique passe par la conquête d’un parti. En 1994, il est élu président du CDS qu’il fait fusionner avec le Parti social-démocrate pour créer Force Démocrate en 1995. De là, il s’empare en 1998 de l’UDF qui fédère alors différents partis du centre. En 1998, la formation est rebaptisée Nouvelle UDF après le départ d’Alain Madelin et de Démocratie Libérale. En 2002, François Bayrou se présente comme candidat de l’UDF à l’élection présidentielle. Avec 6, 84% il obtient un sore en recul par rapport aux 9,28% enregistrés aux élections européennes de 1999. Pire, aux lendemains de la présidentielle, F. Bayrou se retrouve à la tête d’une formation très affaiblie par la création de l’UMP à laquelle se sont ralliés la majorité des députés UDF. Il sait alors qu’il joue sa survie politique. Mais, il ne plie pas. Avec 30 députés élus aux élections législatives de 2002, il parvient à maintenir un groupe parlementaire. Son positionnement est délicat. Ses amis d’hier ne supportent pas son indépendance. La gauche le raille et l’amalgame à la gestion de droite. Ce sera donc seul contre tous et avec panache. Le 16 mai 2006 il franchit le rubicon en votant, avec la gauche une motion de censure contre le gouvernement Villepin. Sur cette vision moderne de la politique, du ni gauche ni droite, il se présente aux présidentielles de 2007 comme le candidat de l’anti-système. Celui qui rejette le bipartisme et son mode de gestion clanique du pouvoir qui permet aux deux grandes formations politiques dominantes de confisquer tous les postes. Il veut à l’image d’Angela Merkel, la Chancelière Allemande, incarner l’unité nationale.
Un aboutissement idéologique somme toute naturel pour un homme de lettres auteur d’une des plus belles et des plus vendues biographies d’Henri IV. Ce bon roi Henri, roi de France et de Navarre qui réussit à mettre un terme à ce qui semblait là aussi impossible, la guerre entre catholiques et protestants. Un souverain dont il aime reprendre la maxime : “Le Béarnais est pauvre mais il ne baisse pas la tête“.
En octobre 2006, François Bayrou affirme sa conviction dans le livre “Au nom du tiers état” : “Gouvernants et puissants croient que le peuple français est sans importance. Ils se trompent. La démocratie, c’est la condition du développement, développement économique, développement humain. Le peuple français attend qu’on le prenne au sérieux et qu’on lui donne la place qui est la sienne en démocratie : la première. Verrouilleurs et démagogues contre démocrates, le combat commence et il va falloir le livrer. J’y suis résolu “.
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